À ce jour, tous les humains ont (à quelques exceptions près) deux parents biologiques: un père et une mère. Les gamètes des parents peuvent avoir été en contact de différentes façons (in vivo ou in vitro, copulation ou insémination) et la gestation peut occasionnellement avoir eu lieu dans l’utérus d’une autre personne que la mère biologique (mère porteuse).
Les parents biologiques ainsi que les parents par adoption sont pour la plupart du temps liés par une forme de contrat social et souvent aussi religieux qui varie selon les régions du monde. Ces deux formes d’union des parents, biologique et contractuelle, ouvrent la voie aux deux formes de la généalogie: la généalogie traditionnelle, appuyée sur une documentation écrite concernant la naissance, le mariage et le décès, et la généalogie génétique appuyée sur les analyses d’échantillons biologiques d’ADN.
La généalogie est une science ancienne
Plusieurs membres d’une Association de familles s’intéressent d’abord à leur propre famille: leurs ancêtres, proches ou éloignés. Deux sciences complémentaires permettent de concrétiser cet intérêt: l’histoire et la généalogie. Selon la curiosité et la persévérance de chacun, l’intérêt pour la généalogie conduira à différentes réalisations: une simple ascendance directe sur une dizaine de générations, ou un éventail généalogique complet qui comptera plus de 3000 individus pour 12 générations, ou un livre sur l’histoire de sa famille…
Toutes les notions et les façons de faire concernant la généalogie sont abondamment traitées et facilement accessibles à différents endroits (internet, bibliothèque, associations d’histoire et de généalogie…) et sur différents supports (livres, revues, sites internet). Vous trouverez quelques références en bas de page.
Il se faisait de la généalogie avant même l’invention de l’écriture (environ 3400 ans avant Jésus-Christ, en Mésopotamie) sous forme de tradition orale.
L’écriture a permis de créer une forme plus stable et transmissible de l’étude de la parenté. Pendant longtemps la généalogie, comme l’écriture, était l’apanage de la noblesse et des classes aisées. Avec l’accroissement de l’alphabétisation et de l’éducation à travers le monde, la généalogie est devenue plus facilement accessible à une grande partie de la population. Les rapides développements de l’informatique et de l’internet ont aussi facilité l’accés et les recherches.
La génétique est toute récente
En comparaison, la génétique est une science toute jeune: un peu moins que 350 ans! Voici un rappel des principaux jalons de son développement (tirés du livre Génétique en 30 secondes, Jonathan et Matthew Weitzman):
1677
1827
Première description de l’ovule (von Bauer)
1866
Étude des gènes chez les plantes (Gregor Mendel)
1875
1905
1910
1951
1953
1956
1990
Début du projet Génome Humain
2000
2003
Il y a donc moins de 20 ans que la génétique des populations a commencé, ainsi que les analyses d’ADN d’individus vivants ou d’individus fossilisés. Puisque l’ADN garde des traces de ses mutations depuis les débuts de l’humanité, cette génétique des populations nous en apprendra davantage au fil des années par l’augmentation du nombre d’anlyses et la diversification de leurs sources géographiques.
Les analyses génétiques utiles en généalogie
Les molécules d’ADN stockent l’information permettant aux cellules de se reproduire de manière semblable de génération en génération. Mais il y a des mutations dans l’ADN : les cellules d’ADN gardent des traces de toutes ces mutations.
On distingue trois sortes d’ADN qu’on retrouve dans les cellules du corps humain:
ADN autosomal
À l’exception des globules rouges et des cellules sexuelles, il y a dans chacune de nos cellules (nous en avons 100 000 milliards) une copie de nos 23 paires de chromosomes.
L’ADN autosomal se retrouve dans les 22 premières paires de ces chromosomes; cet ADN est issu d’un mélange unique des mêmes chromosomes du père et de la mère biologique.
Les tests sur cet ADN permettent de retrouver des cousins au XXIe siècle. (Hors-Série Généalogie et ADN, p. 28)
ADNy
La 23e paire de chromosomes est celle des chromosomes déterminant le sexe: une paire de chromosomes X pour les femmes (l’un provenant de chaque parent) et une paire formée d’un chromosome X et d’un chromosome Y pour les hommes. Ce chromosome Y est fourni exclusivement par le père et est donc transmis exclusivement de père en fils, d’où l’intérêt de l’étude de ce chromosome Y en généalogie: on l’étudie par les tests d’ADNy.
Ces tests ont servi à identifier des clans regroupant des hommes partageant des profils génétiques avec plusieurs points en commun. On appelle ces clans des haplogroupes.
En mettant en parrallèle l’analyse d’ADNy des hommes d’aujourd’hui avec celui des fossiles anciens découverts un peu partout sur la planète, on a ainsi réussi à suivre les déplacements de l’homo sapiens du sud-ouest de l’Afrique, il y a environ 300 000 ans jusqu’à sa présence partout dans le monde. (Hors-Série Généalogie et ADN, p. 14)
ADNmt
Dans chaque cellule humaine, entre le noyau et la membrane, se trouvent les mitochondries, ces petites usines de production d’énergie; on en compte environ 2000 dans chaque cellule et chaque mitochondrie contient 2 à 4 copies de l’ADN mithochondrial, appelé ADNmt, qui ne compte que 37 gènes. L’ADNmt se transmet uniquement d’une mère à ses enfants. On estime que l’ADNmt mute tous les 6000 à 12000 ans, certains disent même à un intervalle de 1200 ans (Chaline p.86) et garde les traces de ces mutations.
Son analyse permet donc de retracer les déplacements des ancêtres maternels (haplogroupes féminins); elle permet aussi de retracer des cousins proches ou éloignés, quitte à préciser par la généalogie traditionnelle l’origine du cousinage.
Plusieurs sources pour l’analyse génétique
Il existe sur le marché plusieurs entreprises qui offrent toute une panoplie de tests sur les différents types d’ADN. Pour les tests d’ADNy par exemple, le prix des tests varie en fonction du nombre de marqueurs testés (de 37 à 700 marqueurs).
Les entreprises les plus connues sont FamilyTreeDNA, MyHeritageDNA, AncestryDNA et 23andMe, mais il en existe plusieurs autres qu’on retouve facilement sur internet.
La généalogie génétique
Ce n’est pas un hasard si les mots généalogie et génétique viennent de la racine grecque génos qui signifie clan. L’interprétation s’est élargie avec le temps pour signifier « génération, origine ».
Les études sur les liens entre la génétique et la généalogie remontent au dernier quart du 19e siècle alors que Georges Darwin, fils de Charles, auteur de la théorie de l’évolution des espèces, fit la première étude faisant le lien entre les deux. La compréhension du lien entre les gènes et l’hérédité devenait alors de plus en plus claire. Le lien entre généalogie et hérédité étant connu depuis les temps anciens, l’association entre la généalogie et les gènes est devenue évidente.
Par la suite, des médecins et des chercheurs ont multiplié les recoupements au fil des ans pour comprendre l’origine de certaines maladies rares. Ces recherches avaient (et ont toujours) deux buts : identifier les meilleurs traitements possibles et identifier les porteurs actuels inconnus ou futurs de ces maladies.
Avec l’avènement des analyses génétiques, le lien entre les deux s’est renforcé; les analyses peuvent confirmer les observations et les prédictions peuvent se confirmer suite aux analyses. De plus, il devient possible d’identifier les gènes impliqués dans les maladies, ce qui permet de préciser la façon de traiter les maladies en améliorant la connaissance des gènes.
Quelques références
Traité de généalogie, René Jetté, PUM Montréal 1991, 716 pages.
Retracez vos ancêtres, Guide pratique de généalogie, Marcel Fournier, Éditions de l’Homme 2009, 238 pages
Génétique en 30 secondes, Jonathan et Matthew Weitzman, Hurtubise 2017, 160 pages
Généalogie et génétique, Jean Chaline, Ellipses 2014, 473 pages
Hors-Série de la Revue française de Généalogie: Généalogie et ADN. À commander sur le site de la Revue, 82 pages
ADN, Quand les gènes racontent l’histoire de notre espèce, Adam Rutherford, Éditions Larousse 2018, 400 pages