Jean Dubois épouse Josephte Ouimette le 5 mai 1819 à Québec en l’église Notre-Dame. Jean est présenté comme «cultivateur domicilié en cette Ville fils majeur de Hubert Dubois et Marie Lutine de Prully du Département de Tours et Loire en France». Josephte est dite «aussi domiciliée en cette ville, fille majeure de Joseph Ouimette et de Marie Dusault de la paroisse St-Hyacinthe de Yamaska». On apprend aussi dans cet acte de mariage: «lesquels au même instant de la célébration de leur mariage ont reconnu pour leur vrai et légitime enfant Jean baptisé à Montréal le vint-trois mai mil huit cent dix-huit».
Quand on consulte l’acte de baptême de 1818 (Montréal, basilique Notre-Dame) du fils Jean auquel il est fait référence, on le dit «né d’hier du légitime mariage de Jean Dubois journalier et de Marguerite Ouimet de cette paroisse». Josephte est donc Marguerite!
Dans le tableau de famille établi par PRDH pour Joseph Ouimet et Marie Françoise Dussault, on constate que le couple s’est marié en 1790 à Beloeil, qu’il a fait baptiser 5 enfants à St-Mathias-sur-Richelieu, puis 2 à St-Jean-Baptiste de Rouville et le dernier, en 1804, à Saint-Hyacinthe; ils ont eu une fille prénommé Marie Josephe en 1795, mais elle est décédée 2 ans plus tard. C’est donc bien Marguerite, jumelle de François, baptisée le 1er septembre 1793 à St-Mathias-sur-Richelieu qui a épousé Jean Dubois.
Revenons à Jean. De la façon dont le texte du mariage est écrit, il est difficile de distinguer si le prêtre veut dire qu’il est originaire de Prully ou que ce sont ses parents qui le sont: habituellement on choisit la première interprétation.
Quand et comment Jean Dubois est-il arrivé au Canada? (après 1763, on parle moins de «Nouvelle-France»…) Dans son livre Les Français au Québec, 1765-1865: un mouvement migratoire méconnu, l’historien Marcel Fournier nous donne les informations suivantes à la page 151:
Celui-ci m’a fourni les informations suivantes: «Dubois, Jean; soldat no 1715 né vers 1786 à Iseurd, en Brabant, cinq pieds cinq pouces, enrôlé dans la 3e compagnie le 4 décembre 1808 à Gibraltar à l’âge de vingt-deux ans et licencié le 4 juin 1816 à Montréal selon le Livre du Régiment de Meuron; présent dans la 9e compagnie sur la liste de paie du 24 décembre 1809; présent dans la 8e compagnie selon la liste de paie du 24 mars 1814. Jean Dubois n’a pas reçu de concession de la Couronne.»
À mon interrogation sur la différence de lieu d’origine fournie à son engagement d’avec celle fournie à son mariage, M. Vallée m’a répondu ceci: «Le fait qu’il se soit enregistré à Gibraltar (péninsule ibérique et possession britannique) au Régiment de Meuron est indicatif. Soit qu’il est un déserteur des armées napoléoniennes, soit qu’il est un prisonnier des Britanniques. Dans les 2 cas, il a avantage à cacher sa véritable origine. Plusieurs soldats du Régiment de Meuron sont dans le même cas. Leur mariage à Québec fut peut-être l’objet d’une fête familiale, d’une remise de somme forfaitaire, d’un héritage, accueil d’un parent, aide d’un ami ou frère d’armes, etc… Les raisons peuvent être multiples. Seule la recherche dans les actes notariés au Québec (contrat de mariage, testament, etc.) et les registres paroissiaux européens nous apportera des réponses à vos questions.»
Jean et Marguerite se sont connus au plus tard en 1817 puisqu’ils font baptiser leur premier enfant le 25 mai 1818 à Montréal. Nous avons vu précédemment qu’aucun des 8 enfants Ouimet n’est né à Montréal. Cependant, lorsque la mère de Marguerite, Françoise Dussault, décède en 1818, c’est à Montréal, à Longue-Pointe, qu’elle est inhumée; son père est devenu journalier et les deux parents sont dits de la paroisse de Longue Pointe; peut-être y étaient-ils depuis quelques années… On peut donc présumer que le soldat Jean Dubois était cantonné à Montréal, et non au Fort Chambly, et que c’est au hasard des échanges de services entre les militaires et les civils (ravitaillement, fournitures diverses, etc.) que Jean et Marguerite se sont connus et fréquentés. Sinon, ils se sont rencontrés après le licenciement de Jean comme soldat en juin 1816 dans des circonstances qui nous restent toutes aussi inconnues.
Même si les historiens s’accordent à dire que Jean a été soldat, cela n’est mentionné dans aucun des actes d’église entre 1818 et 1837. C’est seulement à son mariage à Québec en 1819 qu’on le dit «cultivateur, de cette paroisse»; ailleurs il est présenté comme «journalier» (6 actes de 1818 à 1827), comme «serviteur» en 1821, puis «cocher» en 1828, ensuite «engagé» (1831 et 1833), et à nouveau «serviteur» aux funérailles de son fils Pierre Louis en 1837. Ce fut la dernière fois où on le sait vivant.
On ignore la date exacte de son décès; sûrement avant le remariage de Marguerite en 1845 avec Daniel Thauvette, charretier, où on la dit «veuve de Jean Dubois, charretier». André Dubois, généalogiste de l’Association des familles Dubois, pense que le «Jean Dubois, serviteur» décédé le 21 novembre 1840 et dont les funérailles ont eu lieu le 23 à l’église Notre-Dame de Montréal pourrait être l’époux de Marguerite même s’il n’y est fait aucune mention dans l’acte.
Dans cette famille de 8 enfants, il y avait 5 garçons dont 4 sont décédés en bas âge. C’est donc François, né en 1822 et marié en 1845 à Hélène Grant qui a assuré la descendance du couple Jean Dubois – Marguerite Ouimet. François est décédé le 7 juin 1884 à Montréal et Henriette est décédée le 29 mai 1887 à Montréal; elle est dite «veuve de François-Xavier Dubois». On ignore si le couple a eu des enfants.